Jour-2 : Première rencontre.

20 avril 2014

Une nuit très agitée, j'ai regardé l'heure toutes les heures à partir de 3h du matin. Je ne voulais pas rater le rendez-vous tant redouté.

Décidément, il y a beaucoup de choses que je ne comprends pas, il y a des portes à sens unique dans l'immeuble. Je prends l'ascenseur pour monter au dixième étage je passe une porte, et pour redescendre, je suis obligé de passer par l'escalier de secours. Heureusement que c'est dans ce sens-là.

Il est 7h40 et j'arrive au point de rendez-vous en même temps que Mr Chen Han, l'accueil est chaleureux et détendu. II parle bien français, et l'heure est au papotage. On discute de tout et de rien, on fait connaissance même si parfois de gros blancs s'installent.

Ca roule bien sur la route, rien d'exceptionnel mis à part un brouillard encore plus présent qu'hier soir. Il m'explique que cela est plus dû à l'humidité qu'à la pollution. Il me dit qu'il y a souvent un ciel bleu dans la région, je demande à voir.

Nous arrivons devant les grilles de Pangeo, un policier est à l'entrée il nous fait un signe de main et direction la cantine pour le petit-déjeuner. Cela tombe bien car j'ai rien mangé depuis le dernier avion. J'ai très faim.

Nous rentrons dans la cantine qui, de toute évidence, ne respecte pas les normes "d'hygiène" françaises mais ne nous attardons pas sur ce point. Alors au menu du petit déjeuner : du pain gluant, c'est une sorte de pain à moitié cru, cuit sans sel ("un peu gluant, mais appétissant"). Nous avons aussi la soupe de riz : prenez du riz avec de l'eau et faites la bouillir avec du piment. Mais le plus marrant

reste la base du petit-déjeuner qui est faite à partir d'un légume extrêmement croustillant (je ne vois pas du tout ce que c'est) et beaucoup, mais alors beaucoup de piment rouge. Ça, pour le coup ça change de nos petit-déjeuners. Une fois le ventre rempli, direction le service automation qui m'accueille avec enthousiasme, on fait les présentations et petite séance de fou rire lorsque l'on essaie de dire nos noms respectifs.

Alors j'ai entendu beaucoup de "cédllllique" ( Et ouais, comme quoi les BDs nous préparent bien à affronter le monde des "grands" ), mais aussi des "Cédwica". Pour ma part, je me trompais dans l'intonation des syllabes, déja que j'ai du mal à retenir des noms en français, imaginez vous faire la différence entre Ying, Ping, Jing, Chan, Shen, Wong, et Wang.

Allumage de Pc, mise en place d'Internet et installation du logiciel Siemens pour programmer les contrôleurs. Alors les Chinois ne se prennent pas la tête avec le matériel, il n'y a pas de problème d'habilitation, de droit d'accès et de mot de passe. En gros, j'ai pris mon pc perso, je l'ai posé sur la table du bureau, un coup de clef usb et tout marchait : Internet, les différents logiciels, et le réseau. Dans une entreprise française ,ça aurait mis au moins une semaine.

Par la suite, on me propose un thé que j'accepte volontiers, une secrétaire monte et me donne une grande tasse remplie d'eau bouillante et de ce que je croyais être de la menthe. Elle me donne aussi un grand paquet rempli de thé. Donc j'ouvre le paquet de thé et là, surprise, ils ne mettent pas de filtre avec.

Donc je verse directement les feuilles de thé séchées dans mon eau bouillante. J'en mets beaucoup (Vive le thé bien fort) et là au bout de 2 min je me rends compte que ce que je prenait pour de la menthe était en fait des feuilles de thé séchées qui s'étaient réhydratées.

Mon thé vient de se transformer en salade, extrêmement corsé à chaque gorgée, ma jauge d'éveillement atteint son maximum.

Moi, sommeille ? jamais !

Mon tuteur de stage me fait faire le tour de l'usine, dans l'atelier il règne une ambiance assez étrange.

L'atmosphère est empli d'une odeur d'huile et malgré toute attente cela sent relativement bon. Le rythme des machines cadence la journée et c'est assez magnifique de voir tous ces gens travailler à l'unisson, en plus de cela j'ai envie de chanter. L'univers est parfait pour un petit "hymne des pirates" (Pirates des Caraïbes) ou un "Soyez prêtes" (Le roi lion)

Les employés ont le sourire et sont tous contents. Je m'attendais à voir des conditions de travail ahurissantes mais pas du tout, certes des normes de sécurité et d'hygiène en moins mais rien de bien méchant.

Mon tuteur Mr ... Arf, c'est quoi son nom déjà ? ... est fier de me dire que c'est lui qui a programmé tous les contrôleurs de toute l'usine.

La communication entre nous deux est extrêmement difficile car il ne parle presque pas anglais et j'espère vite pouvoir programmer pour que l'on se comprenne sur quelque chose.

Pose du midi, je vais manger avec quelques personnes du service, on me remet un badge pour pouvoir manger. La badgeuse vient d'une autre planète, on est sensé lire le crédit qu'il vous reste pour manger mais que ça soit écrit en chinois ou dans un langage extra-terrestre c'est la même chose. Quand je ne badge pas, il y a une sorte de "T" comme symbole et après l'avoir passé il y a un "T" avec une double barre horizontale.

La cuisinière me demande ce que je veux manger en chinois, je lui fais signe que je ne sais pas. Je suis donc servi d'un peu de tout.

Le plateau est constitué de plusieurs compartiments et un peu de chaque plat est mis dedans. La dégustation est lente et prudente, l'événement du petit déjeuner m'a mis sur mes gardes. Je goûte tout d'abord au chou blanc mariné dans une sauce transparente, c'est délicieux le chou a été mariné avec de la viande c'est excellent et non épicé. Ensuite je m'attaque aux haricots verts mélangés avec un légume bleu à l'intérieur et violet à l'extérieur, J'ai vraiment pas confiance mais je me lance et c'est encore une bonne surprise, cela a le goût de boeuf. Et le meilleur pour la fin : j'arrive à identifier des pommes de terre et du boeuf, je saute dessus sans aucune retenue. Ça m'a valu une belle surprise, je crois que je n'ai jamais goûté quelque chose d'aussi pimenté de ma vie.

C'est après que j'ai appris que la région est la plus pimentée de toute la Chine. Du piment au petit déj, du piment au déjeuner, ils font même des gâteaux aux piments.

Pas le temps de s'ennuyer : à peine la dernière bouchée avalée, tout le monde disparaît et se remet au travail.

Retour de pose, bizarrement j'ai encore faim, je suis pressé de m'habituer à cette nourriture que je puisse manger plus. Car pour l'instant je suis vite écoeuré même si je trouve cela délicieux.

Apparemment, on veut que j'ai accès à la section "help" des RETI dans le logiciel Siemens. ça ne marche pas et ça gêne beaucoup de personnes.

Je ne comprends pas trop ce qui se trame, on vient de me donner un fichier source écrit en "Ladder" alors je l'analyse et j'apprends à utiliser le logiciel pour qu'il n'y ait aucune ambiguïté possible lorsque que l'on me demandera de faire quelque-chose.

Heureusement que j'ai survolé le "ladder "lors de mon dut à Cergy-Pontoise car, même si le principe est simple, je n'aurai jamais compris quoi que ce soit en chinois.

Donc je révise, analyse le code source d'une machine, télécharge une armada de datasheet, du CPU 220 en français et du logiciel "Step 7 microwin". En règle générale, elles sont très bien expliquées.

2ème visite de l'usine sur la partie "presse" et "moule en fonte", mais avec cette fois une fille qui parle français, hourra je comprends quelque chose !

Ça fait beaucoup de bruit toutes ces machines, il y a une grande presse de 600 tonnes qui fait un bruit ahurissant, suivie d'autres plus petites. Il y a beaucoup de pièces automobiles qui sont préparées pour la France.

Apparemment, je vais devoir prendre le bus pour rentrer à l'appartement et je sens que ça va être épique.

Bus pris sans encombre, j'ai fait la connaissance d'un Canadien et de 3 nouveaux Chinois très sympathiques, mis à part le fait, qu'ils n'arrêtent pas de me parler de ces boites de nuit où les filles sont faciles ...

A la sortie du bus je passe dans une épicerie m'acheter des conneries à grignoter. Le seul produit reconnaissable est un paquet d'oreo, soit.